Le secteur numérique est-il l’avenir de la création d’emploi ?

Si l’économie actuelle n’est pas vraiment florissante en terme de création d’emplois, il existe un secteur qui embauche à tours de bras et qui est même menacé de pénurie de talents, c’est le secteur numérique. Selon le cabinet Mac Kinsey qui a réalisé en 2011 une étude sur l’impact d’Internet dans l’économie française, il ressort qu’Internet a crée 25% des emplois en France depuis 1995, soit près de 700 000 emplois totalement nouveaux et plus de 400 000 transferts d’emplois traditionnels qui ont muté vers le numérique, qui ont évolué, se sont transformés pour s’adapter à l’économie numérique.La commission européenne, de son côté annonce que 900 000 postes sont à pourvoir dans ce secteur d’ici à 2015. Seul secteur a n’avoir pas connu la crise depuis 10 ans, le secteur numérique profite-il, de façon conjoncturelle du boom actuel de l’économie numérique ou est-il le reflet d’une mutation beaucoup plus profonde de l’économie mondial ? qui n’en serait qu’à ses débuts ?

 Quels sont les différents secteurs des métiers numériques ? 

Businessman touching tag with job written on it on blue backgroundIl faut d’abord rappeler comme nous l’avons vu dans les chiffres entre les emplois nouvellement crées et ceux qui évoluent. C’est parfois assez difficile de distinguer ces deux catégories car on peut dire d’une certaine façon qu’un “community manager” est un poste et un profil totalement nouveau car il coïncide avec l’apparition et la généralisation des réseaux sociaux il y a seulement une dizaine d’années, mais que d’une certaine manière, la fonction d’animateur de réseau est vieille comme le monde. Ensuite, le secteur numérique regroupe différents domaines et sous-domaines, comme par exemple le secteur des télécoms, la construction et la vente de matériels, la programmation, l’installation et la maintenance de logiciels et l’immense variétés de prestation de services. Et puis, il y a différents secteurs assez distincts au départ comme par exemple les métiers du web et ceux des jeux vidéo, mais ces secteurs se recoupent souvent avec par exemple les jeux vidéo en ligne. Même chose pour les serious game qui associent les techniques des jeux vidéo pour le secteur plus traditionnel de la formation. Cette galaxie des métiers du web commence à être cartographiée mais ce travail est très difficile car de nouveaux métiers apparaissent très vite. Comme l’affirmait Karl Firsh du projet “Saviez quoi ?” et bien les dix métiers les plus recherchés en 2010 n’existaient pas en 2004 !

Quels exemples de métiers qui existent aujourd’hui  ?

La liste est très longue mais il existe une certaine logique dans l’agencement entre ces métiers et de grandes catégories qui suivent le triptyque de la société de l’information : l’accès, les usages et les contenus. Pour prendre les métiers du web et en dehors des constructeurs de matériel et des infrastructures nécessaires à son existence, il y a une longue série de métiers liés à toute la chaîne de valeur du web. Tout d’abord il y a les métiers de la programmation et du développement avec les développeurs web et mobile, les directeurs de projet internet, les intégrateurs de base de données, les architectes web, les développeurs multimédia. Ensuite, il y a les métiers de la production et de la gestion des contenus avec les consultants en référencement, les illustrateurs 3D, les community manager, ceux de la création des interfaces numériques avec les designers pour téléphone mobile, les designers sonores, les développeurs et les animateurs flash, les ergonomes du web, les web designers et graphistes web.

 Les métiers de l’Internet nécessitent aussi la création et la maintenance des infrastructures et des réseaux informatiques avec des architectes, des administrateurs, des ingénieurs et techniciens réseaux, des experts en sécurité informatique et des gestionnaires de base de données. Et puis, il y a un ensemble de métiers, pas très nouveaux dans leurs fonctions, qui concernent la gestion de projet avec la grande liste des chefs de projet web spécialisés en e-formation, la gestion de la relation-client, les consultants en maîtrise d’ouvrage web.Les métiers de la communication et du marketing évoluent beaucoup mais ne changent pas fondamentalement pour certaines fonctions les acheteurs d’espaces publicitaires sur le web ou les chargés de relations publiques digitales qui changent surtout de support. Par contre, nous le verrons dans une autre chronique, les techniques du web marketing sont en train de changer énormément avec le Big Data, la disparition de la notion de moyenne pour rentrer dans l’air de l’hyper-personnalisation. Cela crée nous le verront de nouveaux profils dans l’analyse des données. Pour accompagner cette profonde mutation, le secteur de la formation et de l’assistance se développe aussi avec les animateurs multimédia, les chefs de projet e-formation, les spécialistes de l’accessibilité numérique, les formateurs sur les réseaux sociaux. Enfin, on a aussi tous les métiers des jeux vidéo, un secteur particulier et assez ancien du numérique et qui regroupent des métiers assez ciblés comme game designers, level et sound designers, consultants ludiques, programmateurs et testeurs.

 Quels sont les métiers les plus recherchés, les plus prisés ?

En ce moment, il y a deux grandes catégories que les employeurs s’arrachent : les programmeurs bien sur qui restent les profils les plus recherchés dans le monde. C’est eux qui créent les programmes, les algorithmes. Ils inventent le futur des réseaux, des logiciels, du web.  Et puis de façon plus récente avec l’avènement des big data, le nouvel or noir de la société de l’information, les profils de data analysts et data scientists sont très recherchés. Dans ce secteur, mieux avoir une solide formation scientifique avec une prédominance pour les chiffres, la logique mais aussi la créativité, la capacité à penser de façon disruptive, out of the box comme on dit..

 Quels grands enjeux à venir ?

Selon moi, c’est évidemment la formation, initiale et continue car ce secteur évolue encore plus vite que les autres et il faut se former en permanence. Au-delà des compétences techniques nécessaires à tous ces nouveaux métiers, il me semble aussi important d’acquérir un ensemble de savoir-faire et de savoir-être numériques (travail collaboratif et à distance, intelligence en réseau, multitâche…), très spécifiques la généralisation des TIC et dont nous avons déjà parlé. Reste à savoir si ces savoirs vont s’acquérir de façon plutôt spontanée ou si nous pouvons les objectiver et en faire de nouveaux champs de formation.

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