En cette rentrée ou le prix de l’essence fait la une de la presse, la question du télétravail

n’est quasiment jamais évoquée alors que cela constitue un levier particulièrement

intéressant pour réduire les déplacements liés à l’activité professionnelle.

Un internaute faisait remarquer la semaine dernière qu’avec 1300 euros / mois, il ne pouvait plus

supporter un budget de 400 euros de carburant mensuel et que les mesures du

gouvernement lui ferait économiser de quoi boire un café. Dans le même temps, la

conférence énergie-climat du Grand Lyon qui réunit des entreprises et des institutions

publiques estime que le potentiel le moins exploré mais le plus important pour réduire les

gaz à effets de serre dans l’agglomération est le non-transport.

Dans ce contexte que peut apporter cette organisation du travail à distance et quelle

perception a t-on du télétravail en France ?

Tout d’abord, on peut être assez surpris que le télétravail ne soit jamais mis en avant

comme une solution de fond pour répondre aux enjeux de la crise actuelle car on imagine

assez bien les différents avantages que l’on peut tirer de ce mode d’organisation.

Par exemple, et toutes les études le démontrent, travailler 1 à 2 jours par semaine près de

chez soi ou de chez soi, permet bien sûr de réduire les transports, donc de gagner du

temps et de l’argent. Ceci est valable aussi pour les employeurs qui peuvent sérieusement

réduire le coût des postes de travail. Selon l’Association des directeurs et responsables

des services généraux, l’ARSEG, le coût moyen d’un poste de travail est de près de 20

000 euros par an et sur ce total, les charges immobilières et de voyages représentent près

de la moitié. On dispose là d’un levier très important pour réduire ce qu’on appelle le coût

de travail mais on en parle presque jamais.

Alors de façon plus surprenante sans doute, le télétravail permet surtout d’être plus

productif. On est loin de l’image d’Epinal du télétravailleur en pyjama devant son

ordinateur qui profite de la situation pour travailler moins. Pour l’anecdocte, quelqu’un m’a

un jour expliqué que pour lui télétravailler c’était travailler devant la télé !

Voyez qu’il y a du chemin à faire pour changer les mentalités, car en réalité, les salariés

français qui bénéficient d’un accord de télétravail sont plus efficaces que les autres. Moins

stressés que la moyenne ils consacrent plus de temps à leur famille, pour dormir ou faire

du sport et finalement, cet environnement positif stimule leur productivité.

 

Quelle est la situation du télétravail en France et pourquoi cette apparente frilosité

face à toutes ces promesses ?

 

Alors en apparence, nous passons pour un très mauvais élève en Europe avec à peine

8% de télétravailleurs contre 25 dans les pays scandinaves et encore plus aux Etats-Unis

où près 30% des actifs déclarent télétravailler de chez eux. Et c’est là qu’il y a un

problèmme de définition du télétravail, car nos statistiques ne prennent pas en compte ce

le “travail en mobilité” et qui concerne pourtant près de 30 % des actifs.

En effet, avec la démocratisation des téléphones mobiles et de l’Internet on a réduit

progressivement les frontières entre le travail et la vie privée et de fait, les lieux de travail

se sont multipliés car on peut désormais travailler bien sûr de chez soi, mais aussi dans

un café, dans le train, dans la voiture, et même dans la rue. C’est ce qu’on appelle

désormais des tiers-lieux.

Mais au-delà, de cette question de définition du télétravail je crois aussi que les véritables

freins au télétravail sont avant tout d’ordre culturel. Il ne fait pas oublier que l’on sort d’un

siècle d’une civilisation du bureau où la gestion d’équipe s’est construite autour de la

présence physique sur un lieu de production et le salariat se base sur le temps de travail.

Pour reprendre la célèbre formule d’Eugène Schuller, le fondateur de L’Oréal, il faudrait,

pour changer vraiment de modèle d’organisation, passer du travail à la pendule au travail

à la bascule, (c’est à dire à la tâche). Mais c’est très difficile de changer les façons de

travailler car on touche  à des questions d’organisation, de pouvoir et de relations

humaines. Et les technologies, mêmes si elles sont de plus en plus performantes ne

peuvent à elles seules répondre à cette évolution.

 

Justement, les choses évoluent en ce moment avec le développement d’espaces de

coworking. Qu’est que recouvre cette notion de coworking ? Est-ce une réponse

prometteuse ?

 

D’une certaine manière, le mot télétravail est sans doute voué à disparaître. La véritable

question n’est pas uniquement de travailler à distance du siège de l’entreprise mais plutôt

d’imaginer comment concilier un ensemble d’activités proches de chez soi, dans un

environnement agréable, confortable et stimulant. Les anglo-saxons appellent cela le

“smart work” qu’on peut traduire par travail agile, intelligent, flexible.

C’est d’ailleurs de cette notion que sont nés en Californie les premiers espaces de

coworking qui regroupent des personnes n’appartenant pas à la même entreprise mais qui

partagent des bureaux.

Et ces adeptes du coworking partagent égalemernt des valeurs, ils forment une

communauté d’intérêt et ils trouvent dans cette nouvelle façon de travailler du lien social,

une émulation, de la créativité. Là ou au contraire, le travail à domicile est plutôt synonyme

d’isolement.

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