On en parle de plus en plus comme l’objet phare que nous aurons tous bien tôt chez nous !!! : les imprimantes 3D. Vieux rêve du démiurge de recréer le monde en reproduisant ce que l’on veut instantanément. Ce rêve est réanimé par la technologie puisqu’en 1960 déjà Arthur C. Clarke avait parlé d’une « machine à répliquer » qui allait reproduire les objets comme on imprimait des livres, ce qui aurait un effet profondément positif sur la société. En 1972, dans le dessin animé Tintin et le Lac aux requins, le professeur Tournesol invente une photocopieuse tridimensionnelle immédiatement convoitée par Rastapopoulos pour fabriquer des faux en dupliquant des œuvres d’art volées dans de grands musées. Et bien Lucie, nous y sommes !! Pour sa thèse de fin d’étude, Tim Zaman a créé un scanner 3D d’une extrême précision pour enregistrer les moindres détails de tableaux inestimables et il utilise ensuite une imprimante 3D de très haute qualité pour reproduire à l’identique des tableaux de maîtres. Nouvelle mode ou véritable révolution dans la production de biens courants ou de précision, c’est encore un débat pas tout à fait tranché tant les obstacles sont encore nombreux pour passer à la troisième dimension et peut-être, à la troisième révolution industrielle !
Tout d’abord, qu’est-ce qu’une imprimante 3D et que peut-on faire avec ?
Une imprimante 3D est une machine qui peut, selon les modèles permettre d’imprimer, à partir d’un logiciel 3D comme par exemple Rubicon (200 $) ou d’un scanner 3D, n’importe quel objet en trois dimensions, par l’ajout successif de couches de matière, essentiellement du plastique avec différentes formes de résines, du polychrome, de la poudre de polyamide. Le plus courant est l’utilisation de l’ABS, un polymère thermoplastique, sorte de plastique rigide offrant une très bonne résistance aux chocs. Il est utilisé couramment dans les secteurs de l’électroménager, la téléphonie, le matériel informatique, le jouet (les briques Lego en sont l’exemple le plus connu), etc..
Mais on peut aussi utiliser des métaux, des alliages, du ciment, de la cire ou de la céramique selon les usages et surtout le type d’imprimantes utilisées. Bref, on peut tout imprimer avec la seule limite de la taille de l’imprimante car on peut imprimer à quelques microns près (nano 3D), jusqu’à plusieurs mètres ce qui permet d’imprimer sa maison. Le très sérieux Institut Français d’Art Culinaire travaille même à l’impression alimentaire pour reproduire des aliments et décorations à base de pâte. Les domaines d’applications sont donc de l’ordre de l’infini : l’industrie dentaire, la joaillerie, la médecine, l’alimentaire, la mode, l’armement, le bricolage, etc. La production d’objets en 3D peut servir de prototypes mais pas seulement car on peut produire des pièces de réparation d’objet et mêmes certaines pièces qui ne sont produite que par des imprimantes 3D, notamment dans le secteur médical avec la création de prothèses et d’exosquelettes.
Alors à l’heure actuelle il n’y a pas encore de magasin en France qui vendent des imprimantes 3D, il faut s’en procurer à l’étranger sur Internet (chez Amazon par exemple). Il existe par contre des services d’impression 3D pour faire imprimer vos objets, sur Internet ou en boutique.
Reproduire des objets, n’est pas une nouvelle sorte de contrefaçon ?
C’est un des obstacles majeurs que l’on peut d’ailleurs comparer à un phénomène inverse qui s’est produit récemment avec les biens culturels car la virtualisation de la musique et des vidéos ont permis leur contrefaçon et leur échange massif avec le mp3 et les plateformes de téléchargement. Contrefaçons difficiles à contenir si l’on en juge les baisses de vente de disques depuis 10 ans. Ce qu’on appelle désormais les “makers”, adeptes de l’impression 3D et autres bricolages dans u’ils pratiquent notamment dans les fablabs prônent tout simplement un nouveau modèle de production et c’est bien là le véritable point “disruptif” de l’histoire qui pourrait remettre en cause tout un système de production basé sur une division internationale du travail, l’obsolescence programmée et la détention d’une propriété intellectuelle très encadrée. Il est fort à parier qu’un nouveau bras de fer va se jouer entre l’industrie traditionnelle et ce mouvement de terrain, mondial, issu de la mouvance open source.
Quelles perspectives pour l’industrie ?
Comme toujours, je pense que dans ce monde complexe, la vérité se situera à la croisée des chemins. L’industrie dite traditionnelle garde de très nombreux atouts car elle dispose de matériel et d’un pouvoir d’investissement important qui permettent de produire des biens de haute technologie qu’on ne pourra pas copier du jour au lendemain. Il est par exemple encore impossible de copier des semi-conducteurs donc le jour n’est pas encore venu ou l’on pourra scanner un IPhone en 3D et le reproduire. Pour l’instant, on fabrique des coques pour IPhone en plastique, ce qui est un moindre mal !
Par contre, on peut imaginer que la démocratisation en cours de ce matériel, couplé à l’augmentation massive des savoirs et des savoir-faire de toute une génération va changer la donne. Je pense notamment aux processus de recherche et développement qui vont progressivement sortir des labos confinés dans les grands groupes pour se disperser en archipel dans une longue chaîne de Fablabs, nouveaux lieux de recherche et de production qui attirent les talents et les innovations.
Finalement, c’est peut être cela la 3ème révolution industrielle, revenir au travail à la maison comme au temps des canuts quand on avait son métier à tisser chez soi. Le fil de polymère pour imprimante 3D a remplacé le fil de soie. Rien ne change vraiment, tout se transforme !
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