usine

Atelier d’une manufacture

Depuis le développement de l’agriculture le lieu de travail a toujours été situé au même endroit que le lieu d’habitation. Les agriculteurs dans leurs fermes mais aussi les travailleurs à la tâche qui pouvaient réaliser différentes productions manufacturières depuis leur domicile. Et puis, les révolutions énergétiques et industrielles ont attiré les paysans dans les villes car les manufactures se trouvaient proches des sources d’énergies et permettaient de mutualiser des outils de production coûteux ou trop volumineux pour être installés à domicile. Sont donc nés petit à petit le salariat, le temps de travail posté, puis les syndicats, pour défendre les conditions de travail des ouvriers.

De la ville foire à la ville usine

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Foire d’Autun

La révolution industrielle a progressivement donné naissance au taylorisme, au fordisme, à la division internationale du travail et à ce que j’appellerai la “civilisation du bureau”. Cette organisation du travail a totalement modelé la morphologie de nos villes, et nous sommes passés des villes foires aux villes usines, vidant  progressivement nos campagnes. Cette histoire a donc commencé avec la nécessité impérieuse de regrouper une force de travail dans un lieu déterminé.

Aujourd’hui, l’ère informationnelle opère une nouvelle révolution sur les modes de travail  au sens premier du terme (faire le tour) car nous revenons à une situation déjà vécue. En effet, la virtualisation d’une très grande partie du travail nous affranchit d’un lieu de travail unique, nous libère du travail posté et bouleverse la notion de poste de travail fixe pour laisser la place à des environnements de travail pluriels. Cette évolution fait naitre une série de tiers-lieux de travail et d’activité, du domicile au bureau en passant par le train, le hall de gare ou le lounge d’hôtel.

Vers l’entreprise étendue

Entreprise-etendueCette révolution a des impacts significatifs sur l’ensemble des organisations : son management, la gestion de son parc immobilier, son système d’information et ses décisions stratégiques. On parle aujourd’hui d’entreprise étendue, en réseau et même d’entreprise 2.0.  Cette réalité devient de plus en plus tangible pour les entreprises qu’elles soient individuelles, petites et moyennes ou  d’immenses organisations. La partie immergée de l’iceberg de cette révolution de velours se concrétise dans des accords de télétravail. Officiellement il y a entre 7 et 8% de télétravailleurs en France, si l’on se réfère aux accords de télétravail. Près de 130 accords sont signés et ils concernent majoritairement des grandes organisations dont une bonne partie des sociétés du CAC 40. Mais la virtualisation du travail concerne bien plus d’actifs que quelques télétravailleurs isolés. Officieusement on aurait en France près de 20% d’actifs qui pratiqueraient régulièrement des formes de travail distant, mobile et collaboratif (voir infographie réalisée lors du Tour de France du télétravail 2013) Définition plus large que le télétravail et qui rejoint le concept anglo-saxon de “smart work” que l’on peut traduire par travail agile et qui constitue un véritable défi pour les entreprises.

Un enjeu de compétitivité et d’optimisation

piste420Imbriqués dans une mondialisation des échanges et une compétition également internationale, les entreprises peuvent s’appuyer sur l’évolution des modes de travail pour trouver des leviers de compétitivité accessibles. Les promesses sont importantes car à travers le concept de smart work, c’est un ensemble d’optimisations dont il s’agit. Optimisation immobilière, gains de productivité des salariés, attractivité des talents, continuité d’activité assurée, possibilité de travailler en mode étendu à l’international, baisse de l’absentéisme et motivation des salariés liés à une amélioration de la qualité de vie au travail (QVT).

Des freins essentiellement culturels

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Le tripalium, un instrument de torture à 3 pieux qui a donné naissance au mot travail.

Malgré ces promesses de plus en plus avérées, mesurées et connues, les choses peinent à évoluer car les freins sont d’ordre culturels. Il est difficile de changer la photocopieuse de place donc il est aisé d’imaginer le poids des freins quand il s’agit de revoir la conception même de bureau, du temps de travail ou du management par objectif. Travailler autrement remet en cause des conceptions du travail obsolètes basées sur la souffrance (origine étymologique du mot travail), le temps passé au bureau et l’apparence du travail (sortir tard du bureau, avoir un très grand bureau et toujours l’air débordé).

La chance aujourd’hui est que les générations qui arrivent notamment la fameuse “génération Y” est plus ouverte à ces évolutions et il faudra sans doute attendre qu’elle soit majoritaire dans la pyramide des âges de l’entreprise pour que ces évolutions se généralisent.

Des innovations inspirantes

Coworking FonderieEn attendant, il est urgent de s’inspirer de différentes innovations dans la façon de penser son travail et  de s’organiser comme par exemple du côté du coworking, un mouvement né aux Etats-Unis il y a presque 10 ans et qui se développe très vite en France. Cette façon de travailler basée sur la collaboration génère de très nombreux effets positifs et ne se limite plus aux espaces de coworking.

Témoignages en images avec une pépite lyonnaise : le réseau de coworking La Cordée