La semaine dernière j’ai parlé d’une évolution majeure de l’Internet à travers ce qu’on appelle l’Internet sémantique car il touche au sens des contenus de l’Internet, à la qualité et à la fiabilité de notre accès aux informations. Certains parlent de Web 4.0 pour cette révolution sémantique. Et bien aujourd’hui, nous allons parlé, plutôt du contenant que du contenu, avec la révolution du Web 3.0 autrement appelé Internet des objets (IdO).
Cela veut-il dire qu’Internet va passer des ordinateurs à d’autres types objets ?
Après tout, Internet est déjà passé des ordinateurs fixes à des ordinateurs mobiles, à des téléphones et à des tablettes que nous avons toujours avec nous mais aussi à des systèmes embarqués comme les systèmes GPS que nous avons désormais dans les voitures. Les réseaux, qu’ils soient téléphoniques ou WI-Fi sont partout et l’extension des objets connectés est une suite logique du développement de l’Internet. On va donc dans les années qui viennent connecter et mettre de l’intelligence artificielle dans une multitude d’objets, comme le frigo, l’aspirateur, bien sûr la voiture mais aussi les systèmes de chauffage des maisons, les cartes d’abonnements de parking ou de transports en commun. L’idée est d’interconnecter des objets ou des robots utiles pour notre quotidien et de les programmer, les piloter à distance.
Comment cela est-il possible techniquement ?
A peu près de la même façon que l’on connecte les ordinateurs. On a “juste” besoin d’une connexion sans fil et d’un système d’identification. Pour les objets, on s’appuie sur différentes types d’étiquettes électroniques comme les codes barres, les QR codes en encore les puces RFID (Radio Frequency Identification) qui sont de petits transpondeurs pouvant être lus à distance. Ce sont des sortes de “radio-étiquettes” qui peuvent être miniaturisées et collées sur des produits de tout genre. Les processus sont plus complexes que pour un ordinateur car un objet n’a pas toutes les caractéristiques d’un ordinateur sur lui : écran, logiciel, stockage de données.
Quelles applications concrètes et quels bénéfices pour chacun de nous ?
Ces systèmes “d’étiquettes virtuelles” révolutionnent l’identification et le lien avec les produits et favorisent donc le paiement électronique et à distance. Cela s’appelle le paiement sans contact et toutes ces technologies sont regroupées sous l’appellation des NFC, les Near Fields Communication, nous en reparlerons. L’idée est de pouvoir payer ce que l’on veut par exemple avec son téléphone. Il est d’ailleurs surprenant de constater que certains pays beaucoup moins avancés économiquement comme en Afrique par exemple, utilisent déjà largement le paiement mobile (mobile banking) et que cela marche très bien.
Ayant presque tous un téléphone quasiment toujours avec nous, on peut imaginer une multitude d’applications possibles : carte d’identité, lecture d’informations sur les produits, sur des lieux touristiques. On a déjà quelques applications disponibles comme Semapedia qui permet de lier des fiches informatives de wikipedia sur des objets.
Et bien sûr, cet Internet des objets va concerner ce qu’on appelle la domotique et la robotique avec l’ensemble des objets domestiques qui seront demain dotés de connectivité et d’intelligence artificielle. Pour l’instant cela fait parfois sourire avec l’idée par exemple de mettre des capteurs dans le frigo pour que notre ordinateur commande instantanément un produit épuisé. Avec ce genre d’idée que je trouve personnellement très saugrenue je pense qu’il faut toujours se poser les questions essentielles : en quoi les machines peuvent-elles vraiment nous aider ? ne sont-elles pas des gadgets et leur intrusion dans nos vies ne va t-elle pas trop loin ?
Enfin, il y a aussi cette idée de généraliser et d’interconnecter un ensemble de capteurs pour optimiser différents processus. Nous en avions déjà parlé à propos des réseaux intelligents (smart grids) avec ce défi de pouvoir suivre et réguler différents flux, d’énergie, d’eau, de voitures pour permettre des économies d’énergie et l’intégration des énergies renouvelable dans les réseaux électriques.
L’insertion de capteurs et de connectivité sur un ensemble d’objets sera l’une des étapes décisives du développement de ces réseaux intelligents.
Quelles évolutions à venir ?
Petit à petit, nous allons vers ce qu’on appelle la réalité augmentée. Drôle d’expression, comme si la réalité ne se suffisait pas à elle-même mais si la notion de réalité est en fait assez subjective. Une réalité augmentée dans le langage dans la société de l’information c’est une réalité enrichie d’informations, partout et tout le temps. L’Internet va également se généraliser massivement dans différents types d’objets grâce la miniaturisation des puces et des systèmes de reconnaissance et grâce aux nanotechnologies. On aura des systèmes en réseau dans nos vêtements qui pourront capter la température extérieure, nous indiquer la vitesse à laquelle on marche, où l’on se situe et nous donner un ensemble d’informations. Les écrans eux-mêmes évoluent très vite, ils peuvent déjà devenir souples et s’insérer justement dans des vêtements.
Enfin, l’étape ultime pourrait bien être l’intégration de systèmes intelligents et connectés dans notre propre corps !
Cela s’appelle en anglais “The Internet of you” avec la mise en place de prothèses connectées de plus en plus sophistiquées comme par exemple des lentilles ou lunettes connectées pour lire des informations, traduire des données ou commander des interfaces. Ces lentilles interactives pourraient commander les liens hypertextes à l’écran donc remplacer à terme la souris.
On n’est plus dans la science-fiction même si, rassurez-vous on n’est pas encore des devenus cyborgs comme dans Terminator.
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